Exposition

EXPOSITION

« Atmosphères » : la diversité selon Claude Henry

Rodolf EtienneMardi 17 juin 2014

« Atmosphères » : la diversité selon Claude Henry

Une oeuvre qui se présente comme un véritable délice des sens

Jusqu’au 28 juin, la galerie La Véranda, à l’Atrium, accueille les oeuvres du peintre martiniquais Claude Henry. Une exposition prenant souche dans notre patrimoine et qui tend à exprimer une certaine idée de la variété et de la diversité.L’expression culturelle, sous les multiples facettes, dévoile les couleurs de l’âme d’un peuple, d’une communauté ou d’une population. Pour ce qui nous concerne, force est de constater que, sous nos latitudes, l’âme créole semble comme tourner autour du même piquet : celui de l’esclavage, de ses temps difficiles, de ses douleurs et de ses blessures. A ce petit jeu de la mémoire, à force moribonde certainement, pléthores sont ceux de nos artistes qui convient à l’élaboration d’une identité marquée quasi exclusivement de cette empreinte de douleur. Ils y voient une source inépuisable, un « fond de commerce » diraient les plus téméraires, convoquant à l’envi « nos » fameux ancêtres nègres. Mais, à bien voir, dans une société qui, à travers ses principes, quête la liberté, ne serait-ce pas là un enfermement, une culbute. C’est donc un soulagement que de vivre autre chose, que de voir le soleil radieux se lever sur d’autres cieux, d’autres idées, d’autres dynamiques. Claude Henry, en tant que peintre, interroge la mémoire collective et vise tout comme l’affirment beaucoup d’autres l’élaboration d’une identité multiple, synonyme de nos réalités insulaires.La femme est au coeur de l’oeuvre.UNE PEINTURE D’UN AUTRE ORDRE…Pour autant, loin du en, loin de la revendication identitaire, loin de l’art-politique, loin de l’art-politisé, il propose une démarche juste et qui remplit par là-même aux fonctions essentielles de l’art et de l’art pictural en particulier. Dans ce brouhaha social et artistique, dans ce tourbillon de douleurs prônées par la dite-mémoire collective, rares sont ceux qui valident encore la fonction primordiale de l’art. Au niveau de la couleur, par exemple, Claude Henry innove, simplement, en proposant une approche différente, essentialiste. Au niveau du sujet, l’artiste s’inscrit là dans une démarche collective, celle de la valorisation du patrimoine collectif. Mais, ce qui surprend le spectateur averti, c’est la dépolitisation manifeste de l’acte artistique, tout du moins telle qu’il est considéré par les bien-pensants de l’imaginaire collectif, les organisateurs de nos mémoires. L’art pictural créole perd-il de sa pertinence dès lors qu’il se dépolitise, qu’il évite les revendications du statut, du pouvoir local, du rachat mémoriel, du grand cri nègre ? La question est sensible et appartient à tous.- Entrée libre. Visible jusqu’au 28 juin à la Véranda.Claude Henry en quelques motsClaude Henry commence son expérience artistique sur la Côte d’Azur d’abord en tant que portraitiste, puis comme maquettiste. Il tient ensuite une galerie de peinture dans l’arrière pays niçois, à Biot, village d’artisanat d’art connu pour l’excellence de sa verrerie et de ses souffleurs de verre, de retour en Martinique, Claude Henry s’attache d’abord à reproduire les paysages et les scènes de la vie quotidienne. Son évolution le porte aujourd’hui à construire des univers à partir du réel par lesquels il tente de partager plutôt un ressenti, une émotion. Les couleurs chatoyantes et lumineuses qu’il utilise parlent de douceur, de joie de vivre et d’optimisme.

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